1er février 2009 à 0:00

A première vue, on ne me donne guère plus de seize ans; j'en ai dix-huit. La première chose qui frappe les gens en me voyant est la couleur bleu ciel de mes yeux, ces derniers se cachent derrière ma frange ou quelques mèches rebelles. Un épi m'empêche d'avoir la raie droite, mes coiffures sont asymétriques, mes cheveux toujours bouclé. Mon nez est petit, rond, remonté - chose qui accentue les traits enfantins de mon visage -  et parsemé de tâches de rousseur. Une cicatrice barre ma fine lèvre supérieure l'autre est souvent fendue soit par le froid, soit par mes dents quand j'enlève les petites peaux dessus. C'est à travers ma chevelure crépue et ondulée que l'on distingue mes oreilles. Celles-ci, étrangement, ont les parois collées et se finissent en pointe. Je mesure un mètre soixante et onze pour quelques kilos en trop. Mes joues et mon cou trahissent une certaine rondeur, un sourire me dessine deux creux du bas du  nez aux extrémités des lèvres. mes dents sont droites, elles manquent d'éclat, ma deuxième incisive centrale supérieure (la gauche) a perdue quelques petits morceaux suite à un accident et ma quatrième s'est légèrement décalée.  J'ai de nombreux grains de beauté partout sur le corps dont trois enlevés. J'ai de petits doigts assez fins dont les ongles sont majoritairement longs avec, dessus, quelques tâches de vitiligo et deux cicatrices suite à une brûlure. J'ai le nombril rentré et un ventre de bébé; de larges hanches tandis que le haut, malgré ma poitrine, est normal. Mes jambes quoique potelées sont musclées et ce, des cuisses aux mollets. J'ai les pieds grec et le gauche porte la cicatrice d'un des grains de beauté enlevé. Mes orteils n'ont pas un centimètre d'ongle, tout est coupé et ce, jusqu'à la mutilation.

****

Je passe ma vie à bouger, je ne tiens pas en place et voyage dans les recoins du pays, les profondeurs de mon esprit. Je fuis les gens plutôt que de les supporter, j'aime rester seule et crains la foule.  J'aime partager quitte à ne pas assez recevoir. Je demande le plus simple en faisant très compliqué, j'ai du mal à me faire comprendre aussi bien par les autres que par moi-même. J'ai parfois l'impression que rien n'a été acquis chez moi et que je manque de tout et, plus particulièrement, d'assurance, de confiance en moi et d'amour propre. On me prend pour une fille trop étrange ou au caractère bien trempé. Parfois, on me prend simplement pour une gamine incapable de s'adapter à une certaine normalité. Je vis des aventures dont seuls les rêveurs peuvent évaluer la richesse. Je prends plaisir à me donner des leçons de vie pour ponctuer mes histoires, je la prend comme un roman jeunesse sans péripéties trop fictives pour être honnêtes. Je cours souvent après mon ombre, sans savoir si je le veut vraiment, j'aime bien me chercher, craignant de me trouver vraiment. j'aime bien me déguiser mais ne sais pas tenir un rôle autre que le mien qui est tellement multiple qu'il compense. Je suis imprévisible et peux tout envoyer balader sur un simple coup de tête, je me souris souvent devant le miroir mais grimace toujours devant les autres. Je baisse les yeux et n'écoute pas les discussions qui me gonflent et, croyez moi, elles sont nombreuses. Je bavarde pour pas grand chose mais j' ai encore tellement à dire au dedans, je ne demande qu'à me montrer vraiment. Je suis attachiante et on ne m'aime soit pas tout de suite, soit pas du tout, quand quelqu'un en pince aussitôt pour moi, je m'arrange pour que jamais ça ne soit réciproque. Je peux me prendre d'amour pour quelqu'un et de dégoût la seconde suivante. Je suis très sensible aux choses qui m'entourent, je prends parfois du recul sur notre quotidien et je suis consciente que nous ne sommes pas grand chose mais que, pourtant, nous avons beaucoup. J'aimerais beaucoup de choses mais ne fait trop rien pour les acquérir. Je semble vivre dans un autre monde et ce n'est pas entièrement faux, j'ai toujours eu l'impression d'être née dans une galaxie autre que la mienne. Je bégaye quand j'essaye de dire ce que je me répète au dedans. J'ai toujours l'impression d'être regardée et jugée, je me dois de bouger, de faire n'importe quoi au risque de paraître ridicule ou étrange. On me compare souvent à un clown, quelqu'un a ajouté "à la réputation ternie" il y a peu de temps. Je vis constamment dans l'angoisse et le doute, prenant bien soin d'avoir pour seul paysage mes godasses, plus agréables à regarder que la gueule des gens. Assez terre-à-terre tout en étant utopiste avec une certaine dose de paranoïa, je ne compte plus les peurs saugrenues qui me gâchent le quotidien. Je n'ai plus peur des nouvelles rencontres, du temps qui passent, de la distance. La vie est trop courte et je suis trop pressée pour me consoler dans le quotidien.



- « Vous ne vous aimez pas. » Mais comment ça ? Comment est-ce possible ? Vous ne vous aimez pas ? Qui n'aime pas qui ?
- Toi, bien sûr... c'est un vous de politesse, un vous qui ne s'adressait qu'à toi.
- À moi ? Moi seul ? Pas à vous tous qui êtes moi... et nous sommes un si grand nombre... « une personnalité complexe »... comme toutes les autres... Alors qui doit aimer qui dans tout ça ?
- Mais ils te l'ont dit : Tu ne t'aimes pas. Toi... Toi qui t'es montré à eux, toi qui t'es proposé, tu as voulu être de service... tu t'es avancé vers eux... comme si tu n'étais pas seulement une de nos incarnations possibles, une de nos virtualités... tu t'es séparé de nous, tu t'es mis en avant comme notre unique représentant... tu as dit « je »...

Nathalie Sarraute - tu ne t'aimes pas

 


Je suis une terrorisée chronique. Il n'y a que lorsque je connais le début, le milieu et la fin de l'histoire que je me sens bien. Je ne prends de risque que lorsque je connais la situation à l'avance. La vie ne m'effraie pas que lorsque j'en connais le cheminement. Je ne trouve de liberté que lorsque mes sentiments me sont imposés (....)

Sylvie Testud - le ciel t'aidera

 

Libre ? Libre, toi ? Tu te trouves libre ? Ta vie brisée, ton travail, c'est ce que tu appelles être libre ? Et tu n'as encore rien vu : tu crois que tu seras libre quand tu passeras des nuits entières à débusquer le criminel en toi ? De quoi seras-tu libre, alors ?

Amélie Nothomb - cosmétique de l'ennemi

 

8 février 2009 à 0:00


 

DresdenDollsGroupe2

 

Alice n'a jamais eu l'âge de boire du muscat....

Il était livreur de pizza et croyez le, c'était pas par envie mais les yeux d' Elisa ça aurait été pour toute sa vie. Il ne voyait qu'elle,elle constituait à elle seule son monde; Olivier Volovitch le savait,il devait discerner rêve et réalité et c'est pourquoi il ne voulait rien tenter.
Alice ne voulait pas savoir si cette histoire avait viré comme la sienne: au fond d'un mouchoir plein de morve et d'amertume. Ainsi, elle jugea plus raisonnable de laisser cette chanson tourner et retourner sur ces faits sans en raconter la fin.

Elle aimait Volo et le muscat; aimer volo n'est pas une tare mais le muscat, c'est une autre chose. Elle en avait vu de toutes les couleurs;en jaune, en blanc. 3 verres ou 4. L'équivalent de la bouteille et elle voyait la vie en fragments. Un soir d'été, elle pensait qu'une transe lui ferait tout comprendre. Il c'était avéré que ça n'avait pas été le cas.
La musique est toujours trop forte dans ses oreilles, je présume qu'elle n'entend plus grand chose avec ces parasites auditifs qui la tiraillent et qui lui font faire n'importe quoi; qui la font devenir ce qu'elle n'est pas.
  Qui est elle? Cette pute à collants sur le trottoir trop froid?

"ça fait mal!" affirme-t-elle à la main sur son ventre.
"où ça?" on lui répond.
"Entre le cœur et le nombril. Plus bas, aussi."

ça tourne!
Mon dieu que ça tourne, le manège est aux couleurs de l'avant; l'avant quoi?
Elle ne sait pas, elle ferme les yeux et continue à boire; son coeur se soulève, elle a envie de vomir.

Elle n'a jamais aimé la fin des chansons; elle veut une continuité, elle veut que ça recommence, encore et encore.

Alice n'a jamais eu l'âge de boire du muscat, et ça se voit.

 

13 février 2009 à 23:18


http://envozbaja.cowblog.fr/images/35870676.jpg

" Les circonstances et les mobiles n'ont jamais sur l'homme

que le pouvoir qu'il leur accorde lui-même "


Georg Wilhelm Friedrich Hegel

22 février 2009 à 0:00


 

                                                            22-08-08/22-02-09


à voix basse; assez pour que les vieilles commères ne puissent l'entendre, loin des murs parce qu'on sait qu'ils ont des oreilles et loin de ce qui persiste et perdure.

 

 J'ai peur du temps,du temps qui passe. Je n'ai plus compté les jours, sauf les 22. Ma vie se résumait à dormir, parce qu'on est pas renvoyé au présent. Là tu ne penses à rien, tu ne rêves pas toujours ou se ne sont que des histoires incohérentes que tu te refuses à comprendre. Là la vie continue sans que tu ne soufres. Et le temps a passé, sans se soucier de moi.Pourquoi irait il plus vite? Il se moque de nous rendre heureux en faisant un sprint remarquable. Alors cela fait 6mois? Nous sommes le22, donc je le sais. Réaliser qu'on ne le reverra pas, ne plus se noyer dans les eaux des vieux souvenirs. Accepter d'oublier sa voix, ses yeux, son odeur. Serrer les poings et ravaler ses larmes, parce que ça fait des mois et que les gens ont continué d'avancer; s'ils savaient que toi tu t'étais contentée de te mettre entre parenthèses, peut-être ne comprendraient ils pas. Personne n'est mort, je dirai même que tout le monde va bien. Le printemps nous amènera l'été et aujourd'hui, cela fait 6mois. Personne ne semble s'en souvenir. Moi si. Je me souviens,dormir ne fait pas oublier. Comment pourrais je? M'est il possible d'oublier? Il était plus que mon amour. Il était mon ami, celui avec qui je riais sur tout et sur rien. Il était mon confident, celui à qui je révélais ce que personne ne savait de moi. Il était mon frère, la personne en qui j'avais le plus confiance.Il était mon père, son regard dur et ses reproches faisaient aussitôt baisser mes yeux comme une enfant meurtrie. Il était mon professeur, il m'apprenait des choses chaque jour que je retenais selon mes goûts et mes humeurs. Il était mon psy, celui qui se taisait pour ne pas m'influencer quand j'attendais une réponse. Il était mon guide, celui qui me disait de ne pas aller là-bas parce que c'était malsain et trop loin de lui. Il était mon amant dans mes rêves de petite fille. Il était mon passé, celui qui m'a volé des années de ma vie. Il était mon présent, quand je m'éveillais chaque matin face à sa photo.Il était mon avenir, quand il me faisait des discours que lui-même ne comprenait pas. Il était mon destin, celui que je devais aimer jusqu'à la fin de ma vie. Il était mon ours en peluche, quand on s'enlaçait pour dormir sur le canapé. Il était ma vie, celui à qui j'avais promit de me pendre s'il m'abandonnait. Quand on perd son amour, son ami, son frère, son père, son tuteur, son coach, son guide, son amant,son ennemi, son passé, son présent, son futur, son destin, sa raison de vivre, que nous reste-t-il?Puis je oublier une existence qui résumait la mienne? Je peux oublier les erreurs; faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre, ça je sais bien le faire. Je peux m'oublier aussi. Parler de moi au passé pour protester et me fermer au futur, vivre au présent à contrecœur et m'adapter à cette nouvelle définition du temps. Qu'est ce que c'est,6mois dans une vie? Pas grand chose à vrai dire. Mais assez pour que le corps et l'esprit se réconcilie, pour que l'avenir s'offre à nous comme s'il nous pardonnait et que le passé devenait ce grand trou noir qu'on se refuse à travailler. La continuité. J'ai dû mettre ma main sur une plaque bouillante pour que le feu brûle. Je garderai ces deux cicatrices comme une leçon, une marque maudite qui ne me fera jamais oublier. Il faut toujours se blesser avant de tirer la bonne conclusion. La Biafine pourra arrêter la douleur, le temps effacera un peu les traces mais rien ne dissipera le souvenir. Je regarde ma main différemment, je m'habitue doucement. Je m'habitue à ce vide chaque jour dans mon dedans, aux soirs où je me laisse aller à pleurer ma haine et ton absence. La continuité, c'est une question d'habitude, de temps et... de mains.

 

28 mai 2009 à 0:00


   Sans_titre

Sur les chemins du passé je déterre quelques fois de petites choses, leurs fleurs avaient fanées et j'avais peur, peur d'oublier. Tout comme toi.
 


Est ce vrai? Me demande-t-on avec cet air qui se veut désinvolte, assez détaché mais qui exige tout de même une réponse. Oui, tout s'efface. Notre amitié ne tient peut-être qu'à un fil et, qui sait, peut-être cassera-t-il un jour. Pour illustrer le propos, je commence à rompre le bout de ficelle qui dépasse de ma veste en laine. Il est probable qu'on m'en empêche, de peur que cela porte malheur. Mes yeux se perdent, quelque part dans le métro des passés. C'est comme un vieux film sur le grand écran derrière ma petite tête. Je la vois, je nous vois animées par mes souvenirs. Je nous revois sur la colline à courir en chaussettes, à faire de la peinture, danser en petite tenue, rire aux larmes. Si vous êtes triste, c'est que ça n'est pas tout à fait effacé; il reste des traces. Hochement de tête. Mais la réciprocité? Ah ça, vous savez, je m'y connais pas trop, c'est vous qu'avez toujours les mots pour ça. Eh bien sachez que ce qui marche d'un côté ne marche pas forcément de l'autre. Il y a la rancœur, la jalousie, le mépris, la tristesse. L'oublie n'existe pas vraiment, dirons nous que les personnes sont doués pour cacher, enfouir certaines choses au plus profond d'eux-même. Ainsi se souviennent-ils des disputes, des larmes, des mauvais coups; mais jamais ils ne repenseront aux instants dits magiques, au bonheur de moments à l'unisson, au partage, à l'entente. Il n'est pas bon de raviver les vieilles cendres d'un grand feu qui s'est bien longtemps éteint. Mais il y a des fois, comme ça, où ça prévient pas.

Mais, me dira-t-on, la vie continue! On perd quelqu'un, on en retrouve dix! Je pose la question: dois je perdre une amitié qui m'est chère pour en trouver dix autres médiocres? Non, assurément. Alors je suis là, tout contre eux en remerciant chaque jour ce quotidien qui nous lie, c'est si fragile mais ça dure. Je sais que tout va s'arrêter, je n'ai pas le pouvoir de les retenir éternellement. Le temps passe, les gens changent, les chemins se séparent. C'est peut-être pas toujours une fatalité. Certes. C'est de nos mains que nous cassons cette heureuse routine, celle de l'entente. Que pourrais je bien leur dire? Eux qui sont là, moi qui pars, lui qui m'affirme qu'il m'oubliera. Je leur ai dis "je vous aimes", je leur ai dis "vous serez perdus sans moi", je leur ai dis "vous changerez" mais j'ai oublié de leur demander... de ne pas m'oublier.


Je n'oublierai jamais.

 

 

 

 

Admise, à 600 kilomètres.

 

 

 

 

 

 

 

 

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