26 juin 2010 à 18:55

 
 
 Le début

 

Il est difficile de commencer un journal, comme il est difficile d’avoir son bac et de s’orienter sur les chemins des études supérieures et de la vie active. Et pourtant, on commence et on s’accroche à un fil plutôt fragile, au départ. Ma prof de philo me demandait ce que je comptais faire, après le bac. Ça me vexait qu’elle puisse rire de ma situation. D’abord,je n’étais pas sure d’avoir le bac ; ensuite, mes vœux d’orientation reposaient sur des espoirs et un certain orgueil (pathétique, je l’admets) infondés.La philosophie et le cinéma, les deux domaines les plus vastes, probablement parce qu’ils me reflètent : vagues et abstraits. « À choisir, il te faudrait un parcours sécurisé, la philosophie peut t’ouvrir plus de portes et réellement aboutir à un métier ». Moui. Le problème, c’est que je suis comme mon travail : fragile. « Alice, ton travail est encore fragile et j’ai peur que l’an prochain, tu n’y arrives pas ». Et bla, et bla et bla. Le cinéma alors. Trois ans en option cinéma audiovisuel facultative et deux ans en option lourde. Maman était fière, (….)

  Je n’avais aucune culture en arrivant en première, choisissant l’option pour échapper au latin et à l’italien, je suis arrivée sans rien attendre de cette discipline. Je n’ai jamais pris la grosse tête, j’ai redoublé ma première L pour vivre l’année la plus merveilleuse de ma vie où j’ai commencé à me pencher sur mon avenir (Oui, il faut se baisser sur ses pieds pour voir où ils nous amènent) et à me consacrer un peu plus au cinéma (….) Je suis passée en terminale avec « les qualités pour ». J’ai rencontré la prétention et la bêtise, je comprenais leurs erreurs en me demandant si je valais vraiment mieux. (….)
On comptait sur moi, je comptais sur un miracle, une révélation. Au fond, qu’est ce que je désirais le plus ? Ce que j’aimais ? J’aimais S et la philosophie. J’aimais critiquer, aussi. Critiquer ma philosophie à S ou philosopher ma critique à S, ça me faisait une belle jambe ! Combiner les trois n’était pas possible ; cependant, S gardait pour moi la même place.Certes le dernier mot de mes phrases, mais avant tout la seule idée fixe et aussi intense. S. Ville de ma vie (….) Cette année est non diplômante, c’est juste une transition entre le bac et les études supérieures (….) Ainsi, j’ai choisis S à la critique et à la philosophie. Je ne me faisais pas trop d’idées,je suis néanmoins allée déposer mon dossier à S même. Là-bas, c’est comme un jeu : on t’envoie d’un bureau à l’autre, tu racontes ta vie dans chacun d’eux et, en sortant de l’établissement, tu connais tout le monde et tout le monde connaît ta vie. 9 Juin 2009, après une dispute violente et deux étages de séparation, je redescends l’escalier en larmes pour gueuler : (en plus d’un souffle) « Maman, je suis acceptée, je suis prise à S ».

 

(….) Je me sentais lourdement légère, on a beau se préparer des années à un évènement, apprendre un texte par cœur, répéter les mouvements et simuler des réactions, on ne prend jamais en compte l’attitude de l’autre ; ce qui fait que rien ne se passe jamais comme on le souhaiterait vraiment. J’avais envie de rire en voyant mon 15/20 en philosophie, à l’épreuve du baccalauréat. « C’est ça que j’ai attendu toute l’année, Alice. Je te sais maintenant prête à intégrer l’université ». Moi, j’ai attendu toute ma vie pour partir à S. C’est peut-être un an de répit, une trêve avec le passé,un rêve qui se réalise ou simplement un coup de chance. Quoiqu’il en soit,c’est une continuité.

 

 

 Pourtant,ne peut-on pas appeler cela le départ d’une continuité ? J’ai envie de baptiser ce carnet Chroniques d’une étudiante S. Dans le lit-canapé de l’internat, parmi les gens de ma classe qui constituent mon univers, en cours ou simplement assise sur un banc, j’écrirai. Je parlerai de l’avenir au présent, raconterai l’histoire d’une fille qui réalise son rêve S l’espace d’une année avec des joies, des peines, des gens, des choses et, surtout, des pavés.

 

 

 

 

« A chacun son histoire », voici la mienne.

 

30 juin 2010 à 18:14

    Josette Baconier n'a jamais eu l'âge de danser.

    Il fait très doux ce soir. Une fin de mois de Mai des plus agréables. Ils sont tous là. Ses parents aussi, ça la surprend. Ils sont arrivés très vite. Elle est en scène. Ses mouvements sont lents, quasi immobiles. Parmi la foule hétéroclite qui commence à s'amasser, elle distingue des proches. Eux ne dansent pas. Elle est là, seule, au milieu de tous. Observée par tous. "Elle n'a jamais eu l'âge de danser" commente un passant. ça la vexe un instant. Puis elle sent son corps qui s'élève. Une sensation particulièrement agréable.
    Les portes se referment, mais la musique qui parvient à cette instant à ses oreilles la réconforte. C' est lent, c'est répétitif. La lumière constamment changeante semble guider les mouvements de son esprit. Elle profites de s/ces instants.

    Bientôt, les lumières seront éteintes
    Bientôt, la mélodie cessera
    Bientôt, le moteur s'immobilisera
    Bientôt, on ouvrira la porte de l'ambulance.

Texte de V.

1er juillet 2010 à 22:13


 
L'incertitude des coquelicots, c'est le nouveau titre de ce blog.
 

2 août 2010 à 1:09


Tu peux tout savoir, sauf l'absence de toi
Tu es parti, seul avec elle
Je suis là
Je l'apprivoise doucement fend ... tendue
Je la prend !
Et je la berce contre moi
L'absence de toi

L'absence de toi
C'est mon corps qui craque
Mon corps qui éclate
C'est la grenade qui craque
Sous le soleil mûri et qui mouille mes doigts
C'est l'obus arrondi que je caresse des heures contre mon ventre
Puis je l'emmène
Je la promène
Ces rues que je ne connais pas
Qui connaissent ton nom
Toutes ces fenêtres de nuit
Qui connaissent ton nom
Le pas de ton absence sur l'asphalte nuit
Toutes les fenêtres fermées
Toutes les portes gauchères
Le long de l'écharpe qui glisse
Le long des murs de ...
L'absence de toi
Des gouttes en ta force d'être triturées dans ma poche
Je devrais la jeter dans le caniveau
Qui dessine les con...tours de ma cage
Tu peux tout savoir
Sauf l'absence de toi
Tu es parti, seul avec elle
Je suis là
Je l'apprivoise doucement fend ... tendue
Je la prend !
Et je la berce contre moi
L'absence de toi
Maintenant tu es là
Si proche
L'absence de toi s'étale et s'étire
A quelques pas de ton corps qui dort
A quelques pas de ma douleur qui chavire
Je sais .... Que je t'aime
Je sais .... Que je te quitte

 



 

Me croiriez vous si j'affirmais que ces histoires ont commencé dès le premier regard? Ce regard qui en dit long sur ce qui sera court et toujours d'un seul côté. Le genre de passade qui va et qui ne reviendra jamais. "le temps d'..." un été, une année, une vie. J'ai enfin trouvé plusieurs visages et facettes à l'Amour, tellement de différences et, ce, du fond à la forme.

Je tombai amoureuse pour la deuxième fois à S. qui l'aurait cru? Il était  ce que l'un n'était pas: il n'était pas grand, n'était pas sur, n'était pas prêt, n'était pas pour moi. Il n'était pas l'un, non, il était l' Autre. Nous ne vécurent rien de grand, rien de sûr, rien de prêt mais nous avons vécu assez près et assez longtemps pour vivre de jolies choses. Nous n'avions pas le même but, je n'eus aucune intention contrairement à ce qu'il doit continuer à penser. Ce fut doux, je le fuyait de peur de trop envahir son monde si solitairement constitué. Je n'aurais jamais voulu perdre ça, pour rien au monde. J'avais retrouvé une force en moi si tranquille aurpès de lui. Mon coeur ,battant et incrédule ,l'aima jusqu'au tournant de la gare, mon corps l'appela jusqu'à la dernière larme, jusqu'au dernier rêve et... jusqu'à ce que je rencontre £.

Après tant d'adieux, j' avais soif. Soif d'aventures comme là-bas, soif de nouvelles rencontres, soif d'un verre sur une terrasse en été, soif d'un nouveau parfum. Je ne trouvai rien qu'un coin de cuvette sali par l'affront et délivré de par mon bon vouloir et mon acharnement vain. Il me remarqua entre deux chasses tirées, entre chaque escalier balayé, entre chaque inspiration après un coup. £ me parla, je répondis. Nous nous découvrîmes au corps à corps, à coup de poing et de retenues. Je ne demandai qu'à le voir et il ne cessa de m'approcher, m'appeler, m'apostropher, me provoquer. Au fil des jour, mon corps demanda toujours plus de contacts violents, masquant des sentiment bien plus doux. Mais £ finit par demander toute autre chose, je ne compris pas assez vite. Oh oui, j'eus mal mais je savais. Je savais que son coeur battait suffisamment pour cette jeune-fille au prénom si doux. Mais je sus aussi que ce rapprochement avec mon amie n'avait rien d'anodin. Je vis ses regards, ces gestes de rien qui dirent le tout d'une petite histoire douloureuse. Une histoire qui ne m'appartenait pas, où je n'avais pas ma place. Je pleurai lorsqu'il l'appela dans l'escalier avant de partir pour toujours. Je fouillai une dernière fois sa poubelle, j'y trouvais un cadavre. Je le gardai, lui et ce bout de papier qui portai son nom. Je l'aimai au premier mot, je lui en voulu au dernier: il n'était pas celui que j'attendais. Ce ne fut pas un au revoir, mais un mensonge. Je l'aimai au premier regard, je l'aimerai jusqu'à ce qu'un autre prenne sa place.

Cercle vicieux nourrit par l'absence, le manque et la peur de ne plus aimer, peut-être. J'ai aimé, oui. Je les ai aimé chacun à ma façon et aux leurs. Mon p'tit coeur nu sur le bitume vomi les restes de larmes, je crois que se sont les adieux qui m'anéantissent. Oui, se sont ces hommes là qu'on ne reverra jamais malgré que le corps les supplie jusqu'au dernier souffle.


Sachez que je ne les oublierai jamais.

12 septembre 2010 à 20:00



J'aimerais que ce dernier article qui conclut la page, les vacances d'été et mon année scolaire soit comme la dernière chanson d'un concert, celle que l'on attend parce que c'est la meilleure mais également celle que l'on redoute: on a peur de partir. On sait qu'il faudra quitter les lieux et que ce qui nous a animé l'espace de quelques heures s'éteindra.

   Il a fait étrangement soleil, je n'ai plus l'habitude depuis que j'ai quitté S et les gens que j'aime. Je savoure cette dernière soirée, bercée par  des souvenirs qui s'éloignent de plus en plus, heureusement enfermés dans un journal achevé. Douce tristesse, mélancolie et regrets. La veille d'une rentrée pour un avenir incertain, je me souviens. J'estime que je n'ai pas à me plaindre, j'ai connu le bonheur le temps de quelques mois. Un quotidien qui a donné un vrai sens à ma vie: j'ai atteins un objectif et j'ai conservé cette passion jusqu'au bout. Il n'y a pas que cette ville qui m'a rendu heureuse, ces seize individus ont marqué mon existence à tout jamais. Il m'est difficile de parler du passé dans un style au présent; je préfère le passé simple et composé, même si cela rend la chose officielle, fatale. Je me répète souvent tout bas "c'est finit, c'est terminé. Je vois les couleurs froides, ternes, le temps long, rapide, qui s'enchaîne aux maillons des évènements. L'université sera une continuité dans l'erreur. Oh, je ne doute pas d'une nouvelle liberté, de moins de galères, d'énormément d'avantages mais ce ne sera pas le bonheur que j'ai goûté. Il sera plus.... fade, terne, trop différent. Je m'engage sur un autre chemin, une nouvelle vie; j'avoue avoir peur, pour l'instant. Mais ça me va, comme ça. J'accepte mes échecs, j'ai fait mon deuil, j'affirme détester d'avance la fac, je partage mes peurs et mes doutes. J'assume, et ça prouve que je grandis, je me rends. Je veux finir sur une note douce, un acoustique, une vague guidée par la brise, une cendre remuée sous la braise. Un songe du temps qui fut. Plus que quelques heures, mais je sais que tout est terminé. "Aller de l'avant", renoncer à, se changer les idées, passer à d'autres choses, retenir des leçons. Oui, oui oui. Or je n'oublierai pas, je me condamne aux souvenirs, aux remords, au manque. Je vis mes dernières heures perdues avant de me perdre définitivement.


En haut d'une falaise, la terre dépose les armes
Et notre ballade s'achève devant le royaume des vagues
Entre l'écho d'hier
Et les bribes de demain
La chanson de la mer
Et c'est l'heure d'être bien.

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