Je trouve enfin mon compte avec la pluie:
elle efface la mer de mes larmes quotidiennes
Ma vie est ponctuée par des portes qui s'ouvrent, se ferment, des courants d'air dans le couloir et de mes sursauts matinaux à cause de papiers qu'on glisse sur le seuil. Les derniers jours de chaleur sont déjà bien loin, j'ai la vue sur un parking gris bitume et un ciel d'averses. La ville est grise, elle n'a pas tout à fait finie de me ternir mais les quatre ans d'études qui me restent me rendront plus docile, m'habitueront à ce train (métro) de vie.
Mais comment s'y faire? Tous ces gens qu'on les jeunes os vieillis au sol et qui réclament chaque jour sans relâche de quoi subsister jusqu'aux saisons nouvelles? Les fourmis ne sont pas prêteuses et, parfois, on se rend compte qu'elles ont raison de pas donner à ce jeune-homme qui porte des haillons la journée et des jeans de marque au soir. Alors on se méfie, on donne les restes d'un repas à un gars qui tremble tellement qu'il manque de faire tomber l'emballage. Parfois, on se fait embêter aux sorties des véhicules en commun pour diverses raisons. On baisse la tête, bredouille, hausse le ton quand on nous touche de trop près pour finalement crier lorsqu'on nous agresse. Et puis il y a l'incertitude qui ne vient pas du coquelicot mais des études. Réussirais je? Suis je heureuse ici? Irais je en cours demain? Non, je n'irai pas mais c'est rassurant de le penser. Et puis il y a le voisin qui est beau et c'est tant pis. Et puis mes copines à côté et même qu'on se dispute pour pas grand chose mais ça compte. Et puis il y a les moments où je doute de tout dans ce pôle trop grand, ce ciel trop haut, cette place que je n'aurai jamais et c'est tant mieux parce que je la veux pas. Ce que je peux vous dire, c'est que je ne me plais pas là où je suis et je suis triste, très triste.
Vivement l'hiver, qu'il efface un été baigné de tristesse