Je quittai le corps de G. pour celui de Pierre, ce dernier ne m'avait envoyé qu'un baiser très chaste sur le bord des lèvres là où le premier m'avait baisé sans remords. Je jurai à l'un que je choisissais l'amour stable avec un homme charmant en lui laissant tout de même la possibilité de m'écrire des sonnets lubriques. Quant à l'autre, je lui mentis en prétendant avoir fait mes adieux avec dignité et fermeté. Ils me crurent tout deux, j'avais presque la conscience tranquille.... Hier soir, Pierre me quitta. Je guette un signe, peu importe de qui il viendra.... mais aucun ne répondra à mes appels au secours de libertine peu repentie. Je suis seule ce soir mais, pour la première fois, ce n'est pas en toute liberté. J'aurais du choisir l'amant qui me traita de pute. C'est peut-être là ma place, pour l'instant.
S'il se suffisait de quatorze mauvais vers
Pour faire d'un lit froid un âtre bouillonnant,
Et d'entraver les rimes aux cons foisonnant.
J'irais, la cyprine luisant à mon revers.
S'ils sont alexandrins, ils serviront de serre,
Pour cultiver l'orgueil. Et quand, le glas sonnant,
Il te faudra t'enfuir, fuir de chez ton amant.
S'ils sont alexandrins, tu n'y pourras rien faire.
Car faire des sonnets est affaires de sot.
Tu t'en es trouvé un, et je te dis bravo.
Vous vous accorderez dans un grand bruit humide
Voilà ce qu'il advient de la cruche et du sot,
Car on ne peut que se noyer dans autant d'eau.
En amour les fleurs poussent dans la terre aride.