24 novembre 2016 à 20:49

    Le chagrin m'écrase à nouveau, de tout son poids, mon corps va céder et se briser. J'en viens à l'espérer, que tout s'arrête. Que je m'étrangle pour de bon dans mes sanglots. Je ne peux plus rien faire sans souffrir le martyr : pleurer ou non. ça ne me soulage pas, ça ne me fait aucun bien, j'ai juste mal, horriblement.

    Je vivais en sachant qu'ils étaient ensemble, mais dorénavant, c'est ensemble qu'ils vivent.


    Ne me parlez pas d'égo, de fierté mal placée, de nostalgie, du manque de l'amour plus que le manque de lui. Vous ne savez pas et ne comprendrez jamais.

    Jamais je n'aurais pensé avoir mal comme ça de toute ma vie.

    Il ne me reste pourtant qu'un mois de cours à peine avant la librairie de mes rêves dans cette si grande ville que je commence à aimer. Mais on ne peut pas "changer de vie", oublier ou même recommencer. Les choses sont mortes, certes, mais pas nos mémoires, pas nos corps qui gardent des marques d'avant.
    J'ai l'impression que c'était il y a mille ans : mes cheveux noirs, la toute petite chambre universitaire, les chansons de Jake Bugg, mon nom craché comme un insulte de sa bouche, les sms, la voix nasillarde de cette nana qui m'a jugée sans me connaître. J'avais entendue tellement d'horreur sur elle, par lui, lui-même... Aujourd'hui, il s'endort avec elle. Chaque jour, il se réveille avec elle. Ils vivent sous le même toit.

    La plus jolie colocation de Bruxelles ne me consolera pas, je suis brisée. Je trouve ça tellement injuste. Je repense à ce message qu'elle m'a envoyé : "tu mérites".

    Je ne mérite pas de souffrir. Je ne l'ai jamais mérité.

    Je souffre depuis quatre ans, et eux sont heureux, viennent certainement d'installer les dernières petites choses dans leur nid commun.

    Je commence à faire mes cartons, pour quitter cette ville où ils ont le culot de se promener et où je ne veux plus jamais le recroiser lui, cette seule fois m'a suffit. Comme c'est injuste de me souvenir de ça en me voyant minuscule, toute petite, insignifiante et lui géant, inchangé et triomphant ? Je n'ai pas mérité de me haïr des années, de me punir de toutes les manières du monde, de me saboter chaque bon moment. Je n'en peux plus de me descendre quand le moral remonte.

    J'ai mal dans le ventre, sur la poitrine, aux yeux à force de pleurer. Comme j'aimerais que tout cela sorte pour de bon, vomir mon chagrin et tirer la chasse. Passer un linge sur mon visage et effacer les cernes, les images de leur bonheur que j'ai pu voir. Fouiller mon cerveau pour y faire le ménage. Tout jeter d'eux, de lui. Me réveiller à 17ans, ou à 20 avant que je ne lui reparle. Qu'il reste fantasme mais qu'il me laisse intacte.

    Je suis malheureuse quand je revois mes très, très vieilles photos. Je n'avais pas de talent mais j'avais de l'imagination, un univers qui me touche aujourd'hui avec le recul. J'exprimais mon chagrin sainement, j'écrivais, je prenais mes amis en photo et je me promenais dans les bois pour réfléchir. Comme je me manque parfois, comme ça. Je ne pourrais jamais redevenir cette personne douce, innocente. Il m'a mordu, mais il est guérit aujourd'hui. Je vais mourir seule. J'en ai la certitude, je m'éteins. Comme j'aimerais le faire réellement parfois.
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cueillir un coquelicot









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